mardi 30 novembre 2010

Petite explication et grosse pensée pour ceux qui ont vécu, vivent ou vivront la PMA...

On pourrait croire en lisant mon article précédent que je voue une haine sans nom envers les femmes enceintes.
Ce n’est, je vous rassure, pas du tout le cas.
J’y suis allée certes un peu fort en les taxant de « tiroir à polichinelle plein de vergetures » mais il n’en reste pas moins que j’éprouve beaucoup de tendresse vis-à-vis des futures mamans.
De la tendresse oui, mais aussi un soupçon d’envie, si je dois être tout à fait honnête.
J’en suis un envieuse parce que moi, contrairement à pas mal de mes copines, j’ai adorée être enceinte, j’ai même adorée accoucher, c’est dire !
Oui l’accouchement ça fait mal.
Oui l’accouchement c’est sale.
Oui l’accouchement n’a rien de romantique.
Mais j’ai aimé ça, et pourtant je n’aime pas spécialement avoir mal ni même la saleté.
En revanche je sais qu’à 30 ans « à peine » ça ne m’arrivera plus.

Pour comprendre mon état envieux, il faut savoir par quoi j’ai du passer pour concevoir Pepette.
Oui la conception fut éprouvante et douloureuse (comment ça c’est pareil pour tous le monde ?!) et elle aura été d’autant plus difficile que le père de Pepette ne m’a pas réellement soutenu. En fait c’est  comme l’accouchement, ça fait mal, c’est sale et pas romantique su tout, mais sans forcément une finalité positive.
Voici mon incroyable histoire de la PMA, partie médicale :

Etape 1 : Un jeune couple amoureux décide de faire un enfant, et pendant un an c’est câlin sur câlin. Jusque là tout va bien, les câlins c’est sympa, mais au bout d’un an on commence à s’inquiéter.

Etape 2 : On consulte, seule, une gynécologue ce qui est somme toute normal quand on est une fille. La gynécologue prescrit des analyses et des échographies.
Le rendez-vous suivant vous le prenez en pleine tronche « Ben qu’est ce que vous voulez que j’vous dise, vous avez une ovulation de mauvaise qualité c’est comme ça mademoiselle ».

Etape 3 : La on demande à toute ses copines si leur gynécologue est humain et en cas de réponse positive, demandera également les coordonnées dudit gynécologue.

Etape 4 : Premier contact avec un gynécologue de type humain et masculin.
Fin du rendez-vous sous un flot de larmes. « Mademoiselle vous êtes Ovaires Polykystiques » .
Vous pleurez sans trop savoir pourquoi puisque vous ne savez pas ce que veut dire Ovaires Polykystiques.

Etape 5 : Apres avoir compris que vous n’ovulez pas ou peu et qu’il est fort probable que
1- Vous n’ovuliez qu’une seule fois dans votre vie et 2- Que cette unique fois soit déjà arrivée, vous vous lancez à corps perdue dans la PMA.
Oui à ce stade là vous ne dites plus Procréation Médicalement Assisté mais PMA, gynécologue devient Gygy, traitement devient TTT, prise de sang PDS, vous êtes OPK et vous n’attendez qu’une chose c’est de savoir qu’elle taille fait votre endomètre ce mois-ci.
Et vous commencez vos premiers TTT de Clomid.

Clomid : - Traitement de la stérilité par anovulation et dysovulation normoprolactinémiques d'origine haute fonctionnelle :

. stérilité par anovulation fonctionnelle ;

. stérilité par dysovulation fonctionnelle : 

* "corps jaune inadéquat", 

* phase lutéale courte, 

. syndrome des ovaires polykystiques.
Ca c’est la partie technique.
En réalité c’est une merde sans nom qui non seulement vous donne des poussées d’acné juvéniles sur votre fraîche peau rose mais qui en plus vous fait gouter aux joies de la douleur que provoque un ovaire de 14cm de diamètre.

Etape 6 : On subie un drilling ovarien, là on se marre.
C’est rien du tout, on vous fait juste quelques petits trous dans les ovaires par cœlioscopie. En gros on vous enlève pleins de petits bouts d’ovaire pour qu’ils réagissent moins violement aux traitements.
Le petit plus étant le joli mort aux vaches qui vous reste sur le ventre. Une cicatrice au nombril, une à droite du bas ventre et la dernière au pubis. Ca s’appelle dans le jargon des infertiles « la marque de la femme stérile ».

Etape 7 : Après avoir continué quelques traitements au Clomid, après vous être rendue malade à grand coup de Dopergine (parce que votre taux de prolactine fait que le jour ou enfin vous aurez un enfant votre quantité de lait fera pâlir de jalousie Lolo Ferrari) qui fera que vous vomirez devant votre auto école ou encore en plein milieu de votre fac, vous allez entamer une série d’examens des plus agréables qui soient.
Le test de Hünner, certainement un de mes préféré. Vous devez faire un câlin entre 19h et 22H pour vous faire faire un prélèvement vaginal le lendemain matin, sans vous être lavée, entre 7H et 10H.
Celui là on s’y est repris à 3 fois, comprenez 3 mois puisque ce n’est que sur rendez-vous et que vous n’avez que 2 jours dans votre cycle pour le faire.
Ajoutez à ça un homme qui ne peut pas éjaculer quand pour une fois on le lui demande mais qui en plus ne vous le dit pas, et là vous comprendrez à quel point il est humiliant de se faire jeter par une laborantine furieuse de ne pas trouver de sperme dans votre vagin.
La fois suivante vous ne dites rien, vous faite votre câlin comme prévus entre vous et la laborantine et au petit matin vous réveillerez monsieur en lui expliquant que vous l’avez floué la veille. La fin justifie les moyens.

Vient le tour de l’Hystérographie, sympa aussi dans le genre. Celui là on vous l’a fait pendant votre drilling, seulement comme le produit qu’on vous balance dans l’utérus n’est pas passé dans l’une de vos trompes, on vous demande de le refaire.
Bon donc, on vous injecte un produit dans l’utérus, on fait une radio et zou on vous dit que vous avez mal certes, mais que la bonne nouvelle est que vos trompes vont bien.
Tant mieux.

Etape 8 : On va vous inséminer, oui oui, comme les vache, à ça prêt que les semaines avant l’insémination on vous pique tous les jours dans le ventre pour stimuler votre ovulation et qu’on ne vous rentre pas un bras entier dans le vagin.
Entre ces quelques tentatives, et en effet secondaire, l’un de vos ovaire décide de faire un petit tour sur lui-même. A coté de cette douleur là, l’enfantement c’est du pipi de souris.

Etape 9 : Après plusieurs tentatives d’insémination et après vous être engueuler avec votre meilleur ami, à savoir Gygy, vous lui réclamer la FIV, fécondation in vitro.
C’est un peu plus compliqué, d’abord c’est tout un bins pour se faire accepter en FIV. Passage de dossier devant une équipe composé de gynécologues, de biologistes et de bureaucrates en tout genre. Une fois le dossier accepté vous devez en compagnie de votre moitié vous rendre chez la psychologue de l’hôpital.
La psychologue après avoir divulguer certains de vos secrets à votre moitié (alors que cela va à l’encontre de toute les règles de déontologie) va décidée si oui ou non, vous êtes apte à vous occuper d’enfants…Oui madame, rien que ça !
Votre dossier est accepté, mais vous n’avez droit qu’à 4 tentatives et 4 tentatives ça va très vite.
On vous donne un traitement, vous expliquez au gentil biologiste qu’il se trompe, il vous dit que c’est SON métier pas le votre et en plus il vous prive de sucre.
Il se plante dans les dosages et donc après avoir subie une ménopause artificielle de un mois, et tous les effets secondaires qui vont avec, après une stimulation de l’ovulation de 15 jours, on vous demande de tout stopper auquel cas vous risquez de mal finir, et puis de tooute façon avec leur conneries vous avez déjà ovuler…
Du coup on vous met en ménopause artificielle pendant 3 mois.

Puis rebelote, Décapeptyl pour la ménopause, Purégon pour la stimulation et pour finir la piqûre de minuit, l’Ovitrelle pour déclencher l’ovulation dans le but de vous ponctionner les ovaires le lendemain matin.

Ah la ponction ! C’est le fin du fin de l’humiliation. Si si, vraiment.
D’abord on vous shoote pour que vous soyez bien docile. Oui faudrait pas en plus gueuler de douleur lors de votre ponction sans anesthésie, ça fait mauvais genre.
Une fois bien dans le coltard on vous installe dans une sorte de salle d’opération avec pas moins de six personnes pour regarder votre vagin. Et en même temps quand on en arrive à l’étape 9, on est plus à ça près. Son cul aura était vu et son vagin farfouillé, par tout le corps médical Toulousain.
Petit nettoyage à grand coup de flotte et de bétadine. Le nettoyage se faisant avec une grande pince avec laquelle on tient des compresses et zou récurage de madame de fond en comble. Oui, c’est bien de l’intérieur dont je parle.
Puis c’est la ponction sans anesthésie donc.

Je passe sur le fait qu’a ce moment là monsieur n’arrive pas à faire son recueil et que vous passez près d’avoir fait tout ça pour rien. Mais au bout de quatre heures enfin il y arrive.

3 jours plus tard c’est la joie, on vous annonce 3 beaux embryons. Arrivé à l’hôpital pour la réimplantation il n’en reste que 2. Et 9 mois plus tard vous aurez une Pepette  des plus jolies après seulement 7h de travail.

Vous comprendrez aisément pourquoi j’envie les femmes enceinte, et définitivement, non je ne les déteste pas. Moi aussi après tout j’ai été un tiroir à polichinelle plein de vergetures. Je les trouve attendrissantes avec leur main qui se caresse le ventre, je les trouve souvent jolies. Mais il n’empêche qu’elles pourraient faire leurs courses un autre jour que le samedi.


3 commentaires:

  1. pour faire partie de celles qui malheureusement parlent aussi par abréviation et ont fait frotti frotta à des horaires imposées, je ne peux que comprendre ton texte d'hier, d'ailleurs il ne m'a pas interpellé, car cette pensée je l'ai eu.
    j'en profiterai maintenant que je sais me connecter et repondre à tes nouvelles, que je rejoind monsieur christophe que je ne connais point mais qui a fait une approche de ton style litteraire tres interessant, tres souple et qui me donne maintenant envie de te lire chaque matin.
    on m'a dit il y a quelques temps qu'un bon ami lit ton blog et y repond,
    ouf je me rassure, je repond à ton blog (j'avoue ce fut laborieux)

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  2. A l'étape n°2, c'est annoncé avec une telle douceur...!
    Purée, un ovaire de 14 cm. Et l'expression est très cruelle "la marque de la femme stérile"...
    Avec la seule lecture de ton billet, on se sent mal je n'ose donc imaginer tout ce que tu as du traverser...

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  3. La marque de la femme stérile vient de Holy Lola, mais c'est aussi une réalité.

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