vendredi 14 mai 2010

Maman

Et voilà, c'est fait.
Tu es partit d'un coup, sans prévenir, comme d'habitude.
Je te vois un jour et le lendemain on m'appelle et on m'annonce "votre maman est décédée".
Je n'arrive pas vraiment à le croire, tu avais l'air bien. Tu m'as même dit que la tumeur était partit.
Ton médecin m'a dit que c'est le traitement que tu n'as pas supporter, alors à quoi bon matraquer les malades avec ça si c'est pour les tuer?
Un hémorragie, une minute, elle à pas souffert..... J'entends mais je ne comprend pas.

Et maintenant quoi? Maintenant faut appeler les pompes funèbres, faut faire préparer ton corps, faut choisir un cercueil pour le faire brûler, faire des devis, comparer et choisir qui s'occupera de tout ça.
Une salle de recueillement, une bénédiction et même pas de cérémonie. Personne ne va venir parce qu'il ne faut pas déranger.
Je dois laisser faire et me taire, pour le bien de la famille.
Qui peut parler de famille?

J'avais tellement de choses à te dire, j'attendais que tu aille mieux. J'ai tellement de questions sans réponses.
Tellement de chose que je voulais te montrer.
Je voulais que tu retrouve ta tête et qu'on se mette à rigoler de séries débiles comme avant.
Je voulais qu'on regarde Pricilla et que tu me refasse les scènes en prenant des airs de grande folle.
Je voulais enfin poser pour que tu fasse ce nu de moi, même avec tes mains tremblantes.
Je voulais que tu te mette enfin à vivre.

C'est trop tard.
Je ne peux pas revenir en arrière.
J'aurais voulus que les choses s'arrangent et enfin arriver à te prendre la main.
Je t'ai vus la veille et je ne t'ai même pas embrasser, trop peur de te donner mon mal de gorge.
Ton infirmière nous a parlé de ton retour à la maison et aujourd'hui tous le monde me dit que j'aurais du m'en douter.
Non je ne m'en doutais pas, personne ne m'a dit que c'était si grave. Pas même toi, qui savait pourtant si bien te plaindre pour une broutille.

J'en veux à la terre entière.
Je veux insulter tes frères et leur dire qu'ils ne valent pas mieux que toi.
J'ai envie de hurler sur mamie, qui ne veut pas faire venir la famille pour qu'ils viennent plutôt pour pentecôte.
J'ai envie d'aller voir cette infirmière et lui expliquer qu'on ne parle pas à un malade comme à un débile, qu'on dit "bonjour" quand on rentre dans une chambre.
J'ai envie de te secouer parce que tu es parti trop tôt et que tu m'a laisser en plan avec mes sentiments et mes questions.

Voilà demain à 15h45 ça sera la fin, et moi je resterai là comme une idiote face à une urne et une maman toute petite. La même qui était si forte va être réduite à quelques poignées de poudre.

Et après? Plus rien....